[RP]Auberge " Au cheval de trois "

Voyant avec quel mépris on la congédiait, Myrrha prit un air calme mais résolue. Ils avaient beaux être nobles mais ici ils étaient chez ELLE. Personne n’avait le droit de la traiter de la sorte. Recevoir une gourgandine alors qu’elle avait demandé doléance bien avant son arrivée. Sa protégée risquait la geôle, bon sang ! Soit. Descendant les quelques escaliers qui la séparait de la salle principale, la rousse se força à sourire.

Messieurs, j’espère que le vin a été à votre convenance. Les resservies en s’asseyant. Vôtre maître étant trop " fatigué " pour me recevoir, il est hors de question que ma jeune protégée quitte ce lieu pour l’une de vos cellules. Tant que je n’aurai pas eu mon audience Tristana restera auprès de moi. Ne cille pas lorsqu’ils se relèvent de concert.

Ma dame les ordres sont les ordres, la voleuse ira en prison.

Et je vous dis moi qu’elle restera ici ! Premier regard vers l’adolescente. Monte dans ta chambre et n’en bouge plus jusqu’à ce que ton sort soit scellé.

Une main qui s’abat sur le bras de l’enfant.

Otez vôtre main soldat. Vous me connaissez et malgré cet incident je n’ai jamais failli…

Myrrha, ton familier radouci. Monsieur le Comte a donné un ordre, vous savez ce qui arrivera si nous n’obéissons.

Alors attendons que Lollia arrive et je prendrai sa place. Je suis sa tutrice… Et la seule à blâmer pour ce qu’il vient d’arriver.

Mais…

Ne discutons plus voulez-vous, j’ai pris ma décision et si quelqu’un ce soir devra dormir dans une cage ce sera moi et personne d’autre. Monte dans ta chambre ma belle.

Le garde relâcha la pression sur le bras de la gamine tétanisée. Le regard de la rousse n’appelait aucune parole ou protestation. Sa décision était prise, en tant que tutrice de Tristana, elle irait elle devant le tribunal Comtal si le Comte ne voulait entendre ses doléances.

Les mains s'étaient refermées sur ses maigres bras. Son visage s'était décomposé en comprenant d'un coup ce qui l'attendait. La prison... Ce qu'elle avait fui en quittant sa demeure, ce qu'elle avait fui en acceptant de travailler ici...

Son coeur se serra. Du monde continuait d'entrer, assistant ainsi au spectacle d'une gamine de rien du tout arrêtée dans une auberge. Et cela risquait de faire du mal à la réputation du bâtiment... Pas la force de tenter d'échapper à l'emprise de ces messieurs. Ils auraient tôt fait de la rattraper. Et la rousse venait de s'engager pour elle... Pas d'élévation de voix, pas de correction. Juste un baiser sur son front...

Certaines choses restaient encore incompréhensibles à ces yeux. Pourquoi ce comportement étrangement gentil alors qu'elle ne respectait rien ? Alors qu'elle n'était qu'une peste, une bonne à rien ? *la seule chose que tu mérites, c'est de crever parmi les rats dans une de ces ruelles pourries!* Peut être ce bout de femme qu'elle avait tant haït n'avait pas si tort que ça...

La honte et le remords commençait à s'emparer d'elle. Pourquoi avait-elle fait ça, alors qu'elle devait justement réparer cette même erreur commise il y avait peu, en travaillant ici...? Pour après, pour survivre une fois qu'elle devrait à nouveau se trainer dans les rues, à la recherche d'un endroit où passer la nuit...

Mais les choses commençaient à changer. Myrrha voulait prendre sa place alors que Lollia débarquait. Sa voix virant dans les suraigüe surgit alors, précipitée.

P’don !!! P’don !!! J’voulé pô ça !!! P’don !!! M’dames !!! V’jure, j’feré pu, pu jamé !!!

La panique de la situation la saisit, ses yeux cherchent une issue de secours en regardant partout autour d’elle. Elle ne pouvait pas laisser Myrrha payer pour elle, ni laisser l’auberge perdre son prestige à cause de sa bêtise. Elle sent son cœur se mettre à battre rapidement alors qu’elle voit le visage de Lollia se décomposer.

Elle aurait du se douter… Surtout un homme aussi important… Regardant tour à tour les deux femmes, avant de sentir les mains des gardes relâcher doucement leur étreinte sur ses bras endoloris.

Zallez pas ‘mner la Rousse hein ? L’a rien fait ! J’fré pu, promis…

Ne l’avait elle pas déjà promis ? N’avait-elle pas dit qu’elle se tiendrait tranquille, s’engageant à travailler pour les deux femmes le temps de rembourser sa dette ? N’avait-elle pas failli par deux fois… ? Le rouge de la honte empourpra ses petites joues alors qu’elle tournait la tête vers la nouvelle cliente. Une jeune fille, sûrement du même âge qu’elle. Quel spectacle offrait-elle en ce moment…

Voir arriver son amie et lui sourire avec bienveillance. Assez d’émotions pour cette nuit. La rousse allait lui expliquer mais d’abord elle lui ferait boire un verre pour qu’elle retrouve des couleurs. Ses pas la guide, passe son bras autour de la taille de Lollia et l’aide à s’asseoir sur un fauteuil. Met entre ses mains le breuvage et la fois boire en silence.

Rien de bien grave ma belle, murmure dans le creux de son oreille. Nôtre petite Tristana a fait une bêtise… Ses vieilles habitudes ont refait surface et je ne me l’explique pas… Sourire voilé. Je crois qu’on aurait dû faire un peu plus attention à elle. Caressant affectueusement sa joue. Occupe-toi de Tristana, et des clients... Le Comte n’a pu me recevoir et je refuse de laisser nôtre petite dans une cage…

La nuit allait être longue loin de son doux foyer. Certains allaient jaser à n’en point douter en apprenant que l’indomptable était au cachot.

Allons’ y messieurs que bientôt il sera l’heure pour vous de retourner dans vos foyers.

La veille au soir; pour que nous puissions tous aller dormir en paix relative.Et parce qu'on ne peut pas toujours enchaîner à tout allure...


Une... Une bêtise...? Tu veux dire...?

Calmer son tremblement nerveux par l'absorption rapide du verre. Les soldats n'étaient pas là pour elle. Mais pour leur protégée. Le vol ne mène certes pas au bûcher mais les geôles ne sont pas les lieux les plus propices à une enfant si malingre et si faible.
Allez une dernière gorgée brûlant la trachée pour chasser les derniers doutes et être à la hauteur de la demande de son amie.

Compte sur moi... Sois prudente s'il te plait...

Elle se lève, un peu plus décidée même si l'inquiétude n'est pas tout à fait dissipée. Elle ouvre son châle en même temps que ses bras pour enlacer Tristana et la serre contre son coeur en embrassant son front.

Ne t'inquiète plus d'accord? Myrrha est forte et courageuse, il ne lui arrivera rien. Et nous ferons tout pour t'éviter le tribunal. J'irais avec Myrrha s'il le faut, en espérant que ça aidera. Nouveau baiser sur son front. Aide moi s'il te plait, une dame m'attend. Va voir notre premier client et emmène lui de l'eau à chauffer dans sa chambre. Je l'ai déménagé près de la rue, elle était plus gaie. Ensuite, tu prépareras les tablées pour le dîner. Nous devons tous manger, surtout toi.

Libérant Tristana, son regard est attiré par l'ombre masculine près du feu. Il est resté sans mot dire, silencieux et discret depuis un moment. Le regarder ravive la curiosité qui s'était tue. Les questions éludées, la tristesse de ses yeux, sa démarche voûtée... Tant de choses à demander et le dilemne avec son éducation. Malgré tout, elle savait où étaient ses priorités et gardait le cap fixé. Elle serait à la hauteur.

Son sourire est toujours tendu, un peu voilé par la tristesse et son esprit tournant à toute allure, elle soupire de lassitude. Mais la journée étant loin d'être finie, elle approche, dans le glissement de ses sandales, de la jeune femme, apparemment du même âge que leur protégée, attablée en silence, et elle se penche dans un bruissement léger.

Bonsoir, bienvenue au "Cheval de Trois". Je me nomme Lollia et je suis votre hôtesse pour ce soir. Je vous prie de nous excuser pour la folie des lieux, quelques inconvénients non prévus mais qui ne remettent pas en cause notre accueil... Avez-vous une chambre? Avez-vous dîné?

Toujours la veille... parce que j'en ai envie...

Jeune damoiselle perdue dans ses songes.
Elle est loin la tranquilité du Castel conjugal.
Elle est loin cette vie de soie et de velour.
Elle est loin cette vie d'or et de pierres précieuses.
Oui elle est loin, mais elle ne lui manque étrangement point. Peut etre regrette-t-elle les bras protecteurs de Eymeric Karl-Heinz. Même sans sentiments profonds, ils étaient faits l'un pour l'autre. Deux êtres soumis aux volontés familiales. Deux êtres dociles et obéissants, forgés non par la vie mais par ceux qui les entouraient. Le doux sourire du jeune homme blond aux yeux bleus défile par moment devant ses yeux. Oui, il lui manque...
Voila des mois qu'elle chevauche sans but, enfermée dans sa bulle de solitude. Peut etre serait-il temps d'y mettre fin? Peut etre...

Bonsoir, bienvenue au "Cheval de Trois". Je me nomme Lollia et je suis votre hôtesse pour ce soir. Je vous prie de nous excuser pour la folie des lieux, quelques inconvénients non prévus mais qui ne remettent pas en cause notre accueil... Avez-vous une chambre? Avez-vous dîné?
Lhyse relève la tête un brin surprise. Dormait-elle? S'était-elle assoupie? Ou est-elle deja? Elle doit vraiment être lasse pour ne plus faire attention à rien.
Quelques secondes pour se remettre les idées en place et elle se tourne vers la jeune femme qui l'a interpellé.
- Bonsoir Dame Lollia.... répond la jeune de Rosière à son hôtesse tout en lui adressant un sourire fatigué. Ne vous inquiétez point pour l'agitation, elle ne m'a point été dommageable. Je me suis permise en attendant d'installer ma monture dans vos écuries et de lui fournir eau, paille et foin. Je ne l'ai guère ménagée et elle a besoin de repos. J'espère que cela ne vous dérange point Dame...
Quant à moi, je vous avoue chercher surtout une chambre pour la nuit et quelque rafraichissement si cela est possible...

Ses bras n’osaient se refermer sur cette forme protectrice qui l’enlaçait. Pourquoi diable tant de gentillesse alors qu’elle venait d’envoyer la rousse en prison, par sa faute ? Ne pas croiser son regard, ne pas y lire ce qu’elle a tant de fois lu dans celui de celle qu’elle a tant hait. Son petit visage acquiesça lorsqu’elle l’entendit lui dire ce qu’elle devait faire. Cette fois ci, elle ne décevrait pas. Cette fois ci, elle ne ferait pas de bêtises.

Les mots de tribunal résonnent dans sa tête. Le tribunal… S’ils apprenaient ce qu’elle avait réellement fait, les raisons pour lesquelles elle avait fuit sa demeure… A coup sûre elle serait mise au bucher sur le champ. D’un coup, les flammes de l’âtre devinrent plus étouffantes. Elle pouvait presque les sentir lécher son corps glacé, respirer la fumée s’insinuant dans ses poumons et…

L’étreinte relâchée de Lollia l’a ramena dans la réalité. Elle la regarda s’éloigner, restant quelques instants abasourdis. Qu’avait-elle provoqué… Soupirant de sa stupidité, elle se dirigea vers l’homme resté muet depuis quelques minutes. Ses mains se joignaient, se tortillant dans tous les sens, comme embarrassée. Allait-il la houspiller ? S’énerver ? L’interdire de l’approcher ? Tête basse, elle s’approche d’un pas mal assuré.

M’sieur. J’dois v’z’apporter d’l’eau… Mais euh… T’op lourd et… euh… Peux v’montrer vot’chamb’ pou’ vot’repos. Et va met’ la table si v’z’avez faim.

Ses yeux s’étaient fixés sur un point imaginaire, n’osant affronter réellement l’homme. Réfléchit à comment être courtoise bon sang… Regard vers ses mains entortillées.

Pou’l’eau… Par la c’zuine. La po’te là bas… Y’a un pit et un seau d’dans. Si j’peux fai’ quequ’chose Pou’v’zaidez…

Ne pas lui piquer sa bourse ? Très fin Tristana, très fin.

La jeune demoiselle avait déjà pris ses quartiers chez elle. Parfait. Passant derrière le comptoir, elle attrape une clé et la pose devant leur nouvelle cliente.

Vous avez bien fait, les montures doivent être ménagées pour bien voyager. S'il vous manque quelque chose, dites le moi, j'arrangerais ça.
Tenez, je vous ai mise dans une chambre un peu à l'écart du régent et ses soldats. Vous vous reposerez plus sereinement.

Nouveau sourire, elle se détendait peu à peu, ses pensées déviées de leur cours inquiétant. Tristana se dirigeait vers la cuisine, l'inconnu vers la courette. Pourquoi avait-il dit qu'il leur faisait peur? Il était plutôt discret pour un soudard. En tout cas mieux elevé et plus discret que la plupart de ceux dont elle avait croisé la route.

Trista, prépare des plateaux pour ceux qui ne mangeront pas dans la salle commune.

Elle caresse l'épaule de la jeune fille, pour tenter de la rassurer. Elles allaient devoir être plus présentes, l'entourer et la dorloter. Il était évident que ce vol était un appel à l'aide. Lire, écrire, compter, apprendre de la poésie. Ne pas oublier les activités féminines pour tenir un foyer...

- Bien le bonjour dame ??... Je soudaite passer la nuit en vostre auberge. Avez-vous de la place pour un conseiller comtal ?

Elle sursaute, tirée de ses pensées par un nouvel arrivant. L'auberge tournait à plein. Parfait. Au moins, l'incident n'en serait que plus vite noyé...

- Bonsoir Messire Conseiller, je me nomme Lollia, bienvenue au "Cheval de Trois". Nouveau sourire en posant une clé sur le comptoir. Bien sûr, nous avons de la place. Voici votre clé, au premier étage. Vous aurez la chambre près du Régent pour profiter de la surveillance de ses gardes. Si vous le désirez, un repas chaud vous sera monté. Bon séjour parmi nous Messire.

Elle referme à nouveau le châle sur ses épaules puis passa derrière pour aider leur jeunette malingre. Les plateaux furent montés dans les chambres de chacun, la laissant faire. Elle devait prendre confiance en elle et la confronter à l'objet de ses larcins serait un bon moyen de voir sa résolution et ainsi, leur permettre de trouver comment agir pour la faire quitter ses habitudes.



Le feu mourrait lentement dans l'âtre, l'auberge s'endormait doucement. Tristana au chaud sous sa couette, elle-même ne trouvait pas le sommeil, pensant à Myrrha dans ses geôles humides. Fouiller dans sa malle pour remuer de vieux souvenirs ne fût pas la meilleure idée de la soirée, même si le besoin s'était fait impérieux.
La nuit fut pleine de cauchemars, de cris, et toujours ce goût de cendres malgré le temps passé...

La nuit lui avait semblé interminable. La scène de la veille repassait en boucle dans sa tête. Les paroles de cette femme se faisait de plus en plus insistante, lui rappelant à quel point elle était bonne à rien. Enroulée sous la couverture, bien au chaud, elle n’arrivait pas à penser à autre chose qu’à Myrrha croupissant dans une geôle humide, sur un lit de pierre, sans rien pour la réchauffer, des rats courant partout… Tel était la description qu’on lui avait fait de cet endroit abominable où l’on entendait les hurlements des autres prisonniers hurler à la mort, endroit où elle finirait ses jours.

Les premières lueurs du jour la trouvèrent emmitouflé, les yeux grands ouverts, les traits tirés par le manque de sommeil. Du bruit venant du couloir la tira de sa léthargie. Quelqu’un semblait déjà debout. Repoussant la couverture, ses pieds se posant sur le sol glacé, elle se leva doucement, allant ouvrir la porte le plus discrètement possible. Les cheveux emmêlés par la nuit passée, elle passa sa tête dans l’entrebâillement et aperçut la silhouetta familière de Myrrha qui s’affairait déjà au travail de si bon matin. Myrrha !? Mais…

Refermer rapidement la porte et se calmer. La peur de se retrouver face à elle la saisit. Qu’allait-elle bien pouvoir lui dire ? Non, non, pas commencer… Tenter de se faire pardonner en adoptant un comportement correct. Sa chemise de nuit tombe sur le sol alors qu’elle s’empare rapidement de ses vêtements. Roulés en boule, ils étaient froissés mais cela ne semblait point gêner la jeune adolescente qui n’avait eu comme vêtement que de vieux tissus raccommodés, faisant largement l’affaire pour son travail dans les champs, ou ses corvées à la maison. Une main rapide dans les cheveux pour remettre un peu en place, et la voilà qui sort de sa chambre.

Les escaliers sont dévalés, se dirigeant à pas rapide vers la cuisine. Sa course est arrêtée nette lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec la rousse qui s’approche d’elle avec un grand sourire, forçant Tristana à se reculer d’un pas. Un baiser sur le front déposé pour lui souhaiter le bonjour avant de la détailler rapidement.

Je ne vais pas te manger. Et une jeune fille doit bien s’habiller avant de descendre prendre son petit déjeuner, jeune demoiselle.

L’adolescente lâche un soupir discret. Pas de coups… Cela s’annonçait plutôt bien, et elle ne semblait pas lui en vouloir… Etrange… Il faudrait qu’elle élucide ce mystère à l’occasion… En attendant, un coup d’œil sur sa robe froissée de la veille, un sourcil se levant.

Suis bien ‘billée. C’les vêt’ments qu’v’m’avez d’nez.

Il me semble que tu as tout un coffre d’habits…

C’fait qu’un jour qu’j’porte c’te robe… Et zavez b’soin d’aide pou’ l’p’tit déj’.

Tatata… Retourne dans ta chambre. N’oublie pas de te rafraîchir, de mettre une robe propre et surtout de te coiffer ou je le ferais moi-même quand tout ceci sera terminé.

Sa main englobe les mets sur le feu. Une odeur alléchante commençait à s’en dégager, rappelant à Tristana la faim qui la tiraillait. N’osant répondre à Myrrha pour ne pas provoquer sa colère, elle tourna les talons pour se rendre rapidement dans la chambre dans laquelle on l’avait placé pour son séjour ici.

Bon… ben faut qu’j’m’y mettre. Pffffffffff P’quoi j’dois fair’t’ça.

Et la voilà à se battre avec une autre robe pour trouver comment elle s’enfile, dans quel sens, se débattre avec ses cheveux emmêlés.

Après avoir été aidé par la dame aux portes de la ville, Guigui se promena dans la ville, histoire de s'y repérer.
La ville était en plein effervescance ! Au centre, un Hostel de Ville était en train d'etre décoré. Non loin de là, la toiture d'une église était en train d'etre rénovée. C'était une belle et grande église, mais il ne semblait pas y avoir encore de curé. Un peu partout, des jardins étaient arrosés par quelques jardiniers. Puis Guigui passa par le marché. Il était plutot vide, mais il y avait bien assez de place pour que celui ci se développe. Et plus on allait vers l'extérieur de la ville, plus on voyait de petites maisons se remplir. On voyait également quelques nouveaux venus passer les portes de la ville.

Soudain, il vit une auberge.

Ahhh, enfin a boire ! dit Guigui à haute voix, mais pour lui meme, et avec le sourire

Tout joyeux et impatient de rencontrer du monde, il entra dans l'auberge :

Bonsoir tout le monde !
Je suis Guigui, nouvel arrivant dans cette bonne ville.
Euh dites, j'ai pas beaucoup d'argent, si vous pouviez m'offrir une biere... en rougissant

Au son du clocher, le sommeil est venu une heure ou deux avant l'aube. Pas reposant pour deux sous, mais au moins, il est venu calmer sa tension.
Un rayon faiblard se glisse entre les rideaux et la tire du tunnel sombre. S'étirer lentement pour se dégourdir, profiter des dernier instants de chaleau et de douceur de la couette. Raviver son feu, remettre quelques petites bûches pour reprendre la chauffe de l'eau - impossible de se laver à l'eau froide, non non, même pas en rêve - en profiter pour faire un peu de rangements, de poussières, choisir ses vetêments, brosser les dents avec la pâte qu'elle prépare selon la recette de sa mère.

Presqu'une heure après le réveil, la jeune Orientale descend l'escalier dans un tintement délicat, petits grelots à sa cheville droite et bruissement de sa robe en soie sombre.

Bonjour Myrrha, quelle joie de te voir ici!

La surprise de voir son amie dans leurs murs éclaire d'un coup son visage et la fait se jeter à son cou dans un élan imprévisible.
Elle allait poser au moins un million de questions supplémentaires à la Rousse que la nuit dans l'humidité des geôles ne semblait pas trop avoir affecté mais des voix résonnent près de l'entrée, puis du comptoir.
Un clin d'oeil, des sourires rassurants et elle reprend son rôle de tenancière. La curiosité attendra encore pour être assouvie.

Damoiselle, damoiseau, je vous souhaite la bienvenue au "Cheval de Trois". Je me nomme Lollia, une de vos hôtesses pour le temps de votre séjour.

Elle sourit à la jeune femme, passe à la cuisine rapidement et revient poser devant elle deux belles tartines, une motte de beurre, deux pots de confiture au choix et un bol pour la tisane.

Je n'en doutais pas un instant Damoiselle. C'est dix solidus le petit déjeuner. Et vu votre état, mangez autant que vous voudrez, le voyage a dû être difficile. On peut vous proposer des mets salés aussi.
Et si vous voulez travailler, notre curé embauche ainsi que la mine du duché.

Se retournant vers le jeune homme, elle aperçoit Trista du coin de l'oeil qui descend de sa chambre. Faisant signe de patienter au client, elle s'approche de leur protégée, pose un baiser sur son front en défroissant les quelques plis de sa tenue.

- Bon jour, jeune beauté. J'espère que tu as bien dormi. Va manger quelque chose avant de faire quoique ce soit. Et ne t'inquiète pas pour Myrrha, elle est revenue ce matin.

- J'l'a vu. Peux pô m'ger, y'a d'blot et j'pas faim. Un semblant de murmure s'échappe de ses lèvres, l'obligeant à tendre l'oreille pour comprendre. Mérite pô...

- Cesse donc de dire des bêtises. Il n'y a pas grand chose à faire, à part préparer les déjeuners pour nos clients. Alors, tu vas manger à ta faim et tu ne quitteras pas la table de la cuisine tant que ce ne sera pas le cas.

Un nouveau tintement de ses grelots ouvre le bal quand elle la fait asseoir de force, pose un bol devant elle plein de lait chaud, du pain frais, de la brioche ramenée par Myrrha, des confitures. Un dernier regard pas trop sévère pour rappeler qu'elle ne bougera pas tant qu'elle n'aura pas mangé et elle retourne près du client accoudé.

Pardonnez moi, une urgence. Une bière dites-vous? Dès le matin? Elle le dévisage rapidement, amusée par son assurance. C'est bien parce que nous inaugurons les lieux et qu'il faut fêter ça mais...

Elle pose un godet devant le jeune homme et se penche vers la jeune femme qu'elle venait de servir pour lui murmurer gentiment.

La boisson, c'est pour nous, et autant que vous voulez. Bienvenue chez nous. Mine de rien, ça vous diminuera le prix de moitié.

Repassant dans la cuisine, elle discute rapidement avec Myrrha et Tristana qui rechigne devant son petit déjeuner, pose quelque nourriture sur un plateau et sort dans un "je vais réveiller l'étage" joyeux et sonore qui révéle une partie de ce qu'elle avait dû être dans son enfance.
Commencons par le commencement, leur premier client ne doit pas être oublié, elle se dirige vers sa porte, toque doucement et pose le plateau devant. Il a de quoi faire du feu pour réchauffer sa boisson, et sa mère, Paix à son âme, lui crie de là où elle est, de ne pas s'attarder devant la porte d'un homme inconnu...

Le calme matinal dans sa demeure l’apaise, le feu crépite dans la cheminée, les mets préparés. Bientôt la vie reprendra son cours, le bruit des pas emplira la maisonnée. Soupire en pensant à ses amies. Rêverie. N’était-ce un endroit paisible pour éduquer une toute jeune fille d’une quinzaine de printemps… Petit sourire amusé, comme si elle était une vieille chose. L’indomptable était son ainée de quelques années. Plus marquée peut-être. Il lui faudrait discuter avec Lollia. L’incident avec le Comte lui avait ouvert les yeux. Elle n’avait plus fait attention à la jeune fille depuis les travaux. En lui offrant une chance et un toit, la rousse avait naïvement cru qu’elle se sentirait plus en sécurité, en confiance.

C’était décidé, aujourd’hui réunion à trois. Il fallait qu’elles discutent… Du moins quand elles en auraient le temps, ce soir par exemple. Lollia s’occuperaient de lui apprendre à être une vrai demoiselle, et ce en commençant par lui apprendre la diction. Tristana avait la fâcheuse habitude d’avaler ses mots, il fallait la reprendre à chaque fois pour comprendre ce qu’elle marmonnait. De son côté, Myrrha lui apprendrait à se battre. Elle entendait d’ici la réflexion de son amie « mais Myrrha c’est une fille ! » En cette période, les femmes devaient apprendre à se protéger. Les chevaliers n’étaient que dans les contes. Dans la vrai vie, les soldats… Frisson dans son dos. Les guerres n’étaient pas une partie de plaisir. Refouler cette vision pour se concentrer sur ce qu’elles allaient faire.

Des pas dans l’escalier la sort de sa méditation. Le visage de l’indomptable s’illumine en voyant la gamine. S’approche d’elle alors qu’elle recule. L’embrasse comme à son habitude avant de la renvoyer dans sa chambre pour qu’elle se change. L’auberge. Leur refuge. Myrrha ne partira plus sur les chemins. Fini les champs de batailles. Elle avait deux bonnes raisons de s’installer. La première étant monté, c’est la deuxième qui se jette dans ses bras.

C’est l’heure animée. Deux nouvelles têtes, deux clients. Lollia va les accueillir pendant que la rousse se remet aux fourneaux. Des voix dont celle de Trista résonnent. D’autorité l’orientale fait asseoir la jeune fille et dépose de quoi manger. La rousse ne dit rien, se contente d’observer la scène. Puis se rendant compte que la réserve d’eau s’épuise vite, se couvre pour en rapporter.

S'il y a quelque personne qui veuille bien m'accorder une chambre pour la journée et la nuit qui arrivent... ainsi qu'un baquet...

Lollia à l’étage. Tristana petit déjeune. L’indomptable essuie ses mains sur son tablier. Arrange sa coiffe dérangé par le vent et vient se présenter, une clef à la main.

Bonjour Ma Dame, Je vais m’occuper de vous faire monter de l’eau chaude pendant que vous terminez vôtre repas. Il vous sera ainsi plus aisé de prendre du repos et un bon bain.

N’ayant d’employé, elle attendit que Lollia redescende pour repasser dans la cuisine afin de faire chauffer elle-même l’eau.

Le tintement de grelots se fait à nouveau entendre dans l'escalier, au rythme de sa descente rapide. Les volûtes de terreur de la veille s'étaient dissipées, laissant un grand sourire sur ses lèvres et un éclat joyeux dans ses pupilles sombres.

Ah oui mais... Mais elle s'était engagée sur quelque chose hier et n'avait pas eu le temps d'en parler. Bien bien bien. *ma fille, assume toujours tes responsabilités le plus vite possible, ta faute n'en sera que plus légère*
D'un coup, une main attrape sa ceinture et se met à faire un joli tortillon avec alors qu'elle s'approche doucement de Myrrha.

Myrrha... Je... Il faudrait que je te parle de quelque chose...

Maintenant Lollia? Ca ne peut attendre ce soir... Moi aussi j'aimerai vous parler.

Surprise par la petite voix et le manège de son amie, la belle Rousse relève un sourcil amusé alors que Tristana maugrée toujours au-dessus de son bol de lait, tartine en main, mais ne perdant pas une miette.

Euh... Ben... Oui maintenant... Parce que s'il vient te voir pour t'en parler, tu comprendras pas... La ceinture soumise au supplice de ses doigts tremblants se froisse tellement qu'elle en perd la moitié de sa longueur en quelques secondes. Mais ses yeux ne quittent pas Myrrha, elle assumera ses bêtises, c'est dit.

Il... qui est ce Il, Lollia... Va t'asseoir nous allons en discuter tranquillement au bord d'une infusion.

Gargl... Assise et une infusion. Sa mère faisait ça quand elle avait oublié les convenances et les règles de politesse. Gargl...
Lâchant l'accordéon qui refuse de retomber, tout mâché qu'il est, elle prépare les tasses, les feuilles et verse l'eau chaude avant de s'asseoir près de Tristana qui gobait les mouches au lieu de gober sa tartine.

Il est très gentil tu sais. Il a dit qu'il savait manier les armes, qu'il gagnait sa vie comme ça. C'est pas un soldat qui fait du mal Myrrha. Alors je lui ai proposé un travail. Et puis il a pas beaucoup d'argent. Et puis, il est blessé. Myrrha, on peut pas le laisser dans la nature.
Le débit se fait de plus en plus rapide à mesure que la voix ne devient qu'un filet.
Je sais pas son nom encore, j'ai pas eu le temps de lui demander, c'est le premier client. Il est gentil tu sais, et il est blessé...

Voile de tristesse dans son regard, l’or s’assombrit. L’indomptable ne lui avait-elle pas prouvé sa bravoure ? Elle était femme oui, mais guerrière avant tout. Croyait-elle qu’en mettant une robe, la rousse s’était assagie ? N’avait-elle acheté une auberge pour leur donner un toit et une stabilité qui leur faisait cruellement défaut à toutes trois ? N’avait-elle juré à Lollia de la protéger… Myrrha devait arrêter de tout prendre pour elle. Se ressaisir. Lollia avait confiance sinon elle ne serait pas ici. Son geste n’était guidé que par l’amitié. Pourtant la question brûlait ses lèvres.

As-tu si peu confiance en moi ?

Non bien sûr que non Myrrha, tu le sais, dit-elle en posant sa main sur la sienne. Mais tu sais qu'un homme impressionne plus... mon frère me l'a souvent démontré... Myrrha... il t'aidera... j'ai crû bien faire, je voulais juste nous protéger... pas comme les autres... et blessé...

Ma belle, je veux bien lui donner sa chance, prenant la main de l’orientale entre ses mains, le visage grave. Si tu veux lui faire confiance, je le ferai aussi. Une fois que je l’aurai rencontré. Mais sache que personne ne m’impressionne. Sourire malicieux en pensant à certains villageois.

Merci Myrrha... merci beaucoup... je sais pas pourquoi je lui fais confiance... et je sais que personne ne t'impressionne. J'aimerais tellement avoir ta force...

Ce n’était pas de sa force dont l’orientale avait besoin, juste affronter ses démons qui depuis trop longtemps l’habitaient. Subtil mélange de naïveté enfantine chez l’une et de force de persuasion de l’autre qui les avaient fait se rencontrer. Elles s’étaient apprivoisées pour mieux s’apprécier. Chacune connaissant l’histoire de l’autre. De longues nuits près de l’âtre d’auberges de fortune. Intimité fraternelle tissée. Abandonner les rêves de chevaleries pour un être à protéger… Puis deux. Se rendre compte aujourd’hui, qu’en croyant les sauver, c’était elle qu’elle avait retrouvé.

Se levant pour ne pas montrer sa soudaine émotion, embrasse le front de chacune. Se dirigea vers le foyer ou l’eau commençait à frémir. Arrangea sa chevelure et se tournant vers Tristana.

Ne crois pas que je t’ai oublié jeune fille. Fini de manger ce repas, tu dois t’engraisser un peu. Tu n’as que la peau sur les os et ce soir nous aurons une discussion toutes les trois.